LE CORPS BAVARD, à notre insu, notre corps s’exprime. Sophie Marinopoulos, Poche Marabout, 2007

 

 

 

Nous naissons être de chair, mais devenons humains grâce à ce corps qui devient habité. Pensées, fantasmes, représentations, projections en tout genre, lui donnent VIE.

Il va se jeter dans le subtil monde des mots, se mettre à parler pour faire plaisir, pour avoir du plaisir. Il sait donner du plaisir, l’élixir du bien être. Grandir, c’est découvrir que son récit est un roman dans lequel il n’est pas le héros, mais un personnage parmi d’autres…qu’il peut provoquer du déplaisir.

Cette découverte est accompagnée de la peur, puis de l’angoisse de perdre des êtres aimés, ceux qui avaient pris une place majeure dans sa fable de vie. S’inscrit alors le doute sur ce qu’il vit, sur les siens, sur lui-même. Mal soigné, le doute peut devenir une maladie dangereuse, qui gangrène le corps psychique, et qui l’infecte. Ce corps en est le messager, il sait ce qui ne se prononce pas. Il le pousse à s’exprimer, pour qu’il ne reste pas tapi dans l’ombre de corps de celui qui en est victime.

AlignementMultidimensionnel[1]

« La parole est libératrice » disait Dolto, ce n’est pas TOUT dire. Cette interprétation erronée relève de la « doltomania »

Le bébé, parce qu’il est un être de désir, peut communiquer dès sa naissance. A aucune étape de son développement, il ne renonce à son désir inextinguible d’entrer en relation avec le monde qui l’entoure.

Il transforme son corps de chair en corps « mémoire » qui entretient des échanges dont la qualité et la quantité sont garantie de sa continuité d’être et de sa naissance d’être parlant : c’est l’origine d’un sentiment de soi.

1968, c’est la libération de la parole parentale, oublieuse de la pudeur, de plus en plus contraints d’écouter. Les enfants en deviennent distraits, silencieux, hypotoniques, dans l’attente, quand ce n’est pas hyper actifs, agressifs, violents. La défense est plurielle, les enfants ne peuvent imposer le silence aux adultes, car les forces sont trop inégales, ils savent, par leur corps, échapper à l’emprise de leurs mots.

Dans ce monde des bébés, les sens s’inter changent, se combinent : ils observent avec la peau, touchent avec les yeux, goûtent avec les mains, sentent avec les oreilles, entendent avec leur corps….

Ce « parler vrai » de certains parents consiste à tout dire, tout le temps à  l’enfant, le noyer de mots…asphyxié, l’enfant se tait.

L’enfant est dans le TOUJOURS, car dans son esprit, la vie est en continue, immuable.

La croyance a pour qualité de ne pas avoir besoin d’exister. Il suffit d’être dans la pensée de celui qui la tient. Les enfants ont plein de croyances qui sont là pour les accompagner dans leur processus de grandir. Elles aident le sujet à être ce qu’il est.

La peau psychique : « nous sommes deux en un » disait Freud.

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Dans notre corps, il y a un corps autre, différent, intouchable, un « corps animé » : ce corps est celui de l’esprit, il est l’intime de celui qui vit dans une enveloppe de chair. Sans ce corps invisible, l’autre n’est rien. Corps de chair et corps d’âme.

« L’inconscient se manifeste dans le corps de l’homme et à travers lui. » (Freud)

Cet inconscient est un corps à part entière, une part du Sujet, celle qui parle de lui, sans qu’il ait besoin de prononcer ces mots.

Ce corps parle, il est BAVARD. Il est l’interprète du sujet, mais surtout, il est à l’origine de sa formation. C’est le corps psychique où cette peau psychique est le corps réel, contient les pulsions, les sensations, les affects, les émotions, les représentations.

Il grandit, il vieillit, il passe du Moi percevant au Moi conscient, puis au Moi pensant pour devenir un Moi réfléchissant.admin-ajax

  

C’est la communication préverbale qui se servira du corps chair, comme d’une voie préférentielle, pour vibrer la VIE.

L’éprouvé est l’aïeul du mot. Il est son ébauche, son désir. L’éprouvé parle. Il dit le corps animé.

Le partage émotionnel (affecter un autre que lui et être affecté en retour  par cet autre) et affectif, est une première étape pour le futur parlant.

Le corps psychique, non charnel, cette « invisibilité » fait appel à notre imaginaire, c’est-à-dire de mentaliser ce que nous éprouvons.Yogalavie-Apprendre-à-ressentir-e1424818298583

Mettre de l’image sur une vibration de notre corps, c’est un travail de mentalisation. Ressentir avant de décrire.

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5-sensAttention, mentaliser, ce n’est pas intellectualiser, ni raisonner, c’est se laisser aller à éprouver, ressentir et visualiser les expressions du corps bavard.

La démarche est mentale : une écoute sensorielle de soi-même, une vision, non reliée à la vue, qui la dépasse.

 

 « Voir clair » consiste parfois à être au clair avec soi-même, c’est-à-dire, prendre de la distance avec sa pensée, ne pas juger.

httpswwwletempledubonheurfr-loi-d’attraction-comment-bien-visualiser-ce-que-l’on-veut-et-y-croire-jusqu’à-la-réception

 

 

 

Là est le corps bavard, c’est-à-dire l’enveloppe psychique.

 

 

 

 

                          winnicott - enfantPédiatre et Psychanalyste britanique

Pour Winnicott, le SELF est formé de trois feuillets :

La pellicule : en contact avec la pulsion

La membrane : en contact avec la vie émotionnelle

L’habitat : en contact avec les perceptions

La peau psychique peut être fragilisée ou attaquée…un habitat vide ou une personnalité dont les membranes dissociées ne sont plus en contact.

 

A la naissance, le corps physique est délimité, pas le corps psychique. L’enfant est assailli d’affects désorganisés qu’il n’arrive pas à se représenter, puis, les affects vont être contenus, trnasformés, les feuillets se constituent.

La peau psychique se construit.

Mais, une pulsion, un affect, une sensation, qui reste à l’état brut qui ne se transforme pas en quelque chose de pensable, peut émerger plus tard dans la vie. Ce seront les personnalités fragiles, peu enveloppées psychiquement.

Leur peau fragile, vite écorchée, trouée, peut laisser passer des émotions, affects, ou pulsions primitives. Elles ne sont plus, ou mal, contenues.

A la naissance, le corps physique du bébé est une unité visible, le corps psychique, non élaboré, non unifié, comme un puzzle, aux éléments non reliés. C’est la relation mère-enfant qui va construire une unité psychique.

Rôle fondamental, protecteur pour que l’enfant élabore un Moi structuré, sentiment d’unité d’être, d’exister, de bien être.

Derrière la chair est l’enveloppe, celle qui tient l’enfant, sa colonne vertébrale virtuelle, celle de la vie.

L’intersubjectivité est au cœur du corps bavard, elle accompagnera plus tard, nos relations adultes.

Le regard et la peau savent dire des choses avant les mots, ce sont deux signifiants de la naissance du corps psychique, s’exprimant au travers d’un corps bavard.

La confiance en soi, acquise dans le plus jeune âge, conduira l’enfant à avoir confiance dans les autres. Il saura aimer et sera aimé en retour. Il puisera dans cette sécurité interne qui va l’accompagner toute sa vie.

Le jeu du « cache-cache », c’est accepter de faire semblant de perdre l’autre, ave »c la certitude de le retrouver.

L’enfant doit être capable de rendre celui qui s’absente, présent. S’imaginer l’absent.

Les enfants qui n’ont pas connu, dans leurs premières relations, des soins continus, réguliers, les rassurant du retour de celui ou de celle qui prend soin d’eux, ne savent pas imaginer l’absent.

Le langage parlé arrive après un sevrage réciproque : il faut que l’enfant soit sevré de sa mère, mais il faut aussi que la mère soit capable de se sevrer du corps de son enfant.

Les morts occuperont l’espace des corps distanciés.

Les failles dans les processus de pensée ont des effets dramatiques sur la naissance, sur la relation précoce mère –enfant, et sur leur devenir à tous deux.

Quand l’enfant, en la mère n’est pas pensé, il perd sa valeur humaine et se transforme en un « déchet », déchet de chair, qui ne naît pas à la vie, car il n’est pas animé par cette indispensable nourriture imagière.

Ces mots sont durs, mais le devenir de l’enfant oublié peut l’être encore plus. On peut mourir de ne pas avoir été attendu.iStock-916556422

 

ADOPTION d’ENFANTS :

Ces enfants évoquent le plus souvent brutalement, les fractures psychiques liées à leur vécu passé, et qui atteignent essentiellement leur capacité d’aimer. Ils peuvent investir affectivement des êtres, des choses, des espaces…mais mal. Comme si un dérèglement précoce les avait conduits à bricoler de la relation, parfois en dehors de toute rencontre humaine.

L’enfant est comme un poisson dans l’eau avec les mots du corps, jusqu’au moindre rictus, il saura ce que vous ne savez pas vous-même.

Il est redoutable, avisé, et parfois…sans pitié ! Le son n’existe pas encore qu’il est déjà entendu, la pensée est encore en construction, qu’elle est déjà décodée, interprétée. L’enfant vous sent et vous ressent dans ce que vous avez de plus intime : votre corps virtuel, celui de la pensée.

 

LE CORPS DU DESIR :

Une grossesse inattendue ne devra pas être dite « non désirée », mais non souhaitée.

Le désir, est pas essence habitée d’inconscient et donc acteur de ce qu’il déclenche. Ce n’ »est pas parce que nous ne sommes pas conscients, que nous ne sommes pas à l’origine de ce que nous traversons.

Le souhait est celui qui pense les actes, peut les projeter, donc les programmer.

Le souhait résonne, tandis que le désir est aux prises avec les résonnances de son corps. Tel un langage de l’histoire de l’intime.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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