L’EVEIL du CORPS SACRE, Tenzin Wangyal Rinpoche, 2011

L’Eveil du CORPS SACRE

Tenzin Wangyal Rinpoche

Claire Lumière, 2011

Tenzin Wangyal Rinpoché (en tibétain : bstan ‘dzin dbang rgyal rin po che) est un enseignant (lama) de la tradition tibétaine Bön, titulaire du grade de Géshé et auteur d’ouvrages sur l’enseignement du dzogchen, sur le yoga tibétain du rêve et sur le rêve lucide.

Il est le fondateur et le directeur de l’institut Ligmincha et de plusieurs centres nommés Chamma Ling, organisations dédiées à l’étude et à la pratique des enseignements de la tradition Bön.

Préexistant au bouddhisme (qui pénètre au Tibet au VIIe siècle) et considéré comme une forme de chamanisme, la religion indigène traditionnelle, le Bön est actuellement minoritaire car supplanté de longue date par le bouddhisme qui connut, au Tibet, un développement prodigieux.

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A l’origine, il désignait une catégorie particulière de « prêtres-shamans » et ce n’est qu’avec l’arrivée du bouddhisme, qu’il fut considéré comme une religion à part entière.

Reconnu en 1987 par le XIVe Dalaï Lama comme étant la cinquième école religieuse tibétaine (aux côtés de celles du bouddhisme).

Le fondateur spirituel du Bön est Tönpa Shenrab, un Bouddha quasi-mythique plus ancien que le Bouddha d’origine indienne. Sa légende veut qu’après son arrivée sur Terre, incarné en un jeune prince, marié et père de famille, il entre dans un renoncement à ses 31 ans, pour vivre dans l’ascèse et enseigner sa doctrine.

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Nous accordons trop de temps à notre esprit conceptuel et cherchons le changement à l’aide de notre intellect.

L’aptitude de l’esprit à être clair et subtil, ou confus et agité dépend du loung, du souffle subtil, qi, prana. Comment accéder à ce souffle ? En se connectant directement à notre corps, parole, esprit, aux trois portes.

Se libérer de la souffrance de l’existence cyclique : le samsara.

En s’identifiant à ses souffrances, on transforme quelque chose de temporaire, la souffrance, en un état plus solide qu’il ne l’est réellement. Votre corps n’est ni solide, ni permanent, ni figé, mais cette expérience limitée de vous-même devient une identité, un lien familier, où vous restez enfermée et passez beaucoup trop de temps, vous transformez votre corps en un corps douloureux, karmique et conceptuel.

Se relier au souffle permet la dissolution de la structure du corps douloureux, karmique conceptuel, et ainsi de rencontrer notre Etre.

L’esprit conceptuel n’est pas la conscience ouverte, pas besoin de penser pour être conscient, la conscience n’est pas la pensée, cette confusion est fréquente en Occident.

La conscience ouverte c’est la reconnaissance de l’esprit naturel, toujours présent, fondamental, clair et ouvert comme un ciel lumineux.

Le souffle est comme un cheval que nous pouvons attraper et diriger.

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La respiration ordinaire physique est comme un véhicule qui permet d‘amener l’attention à se libérer de la fascination qu’exercent sur elle les contenus et pour entrer directement en contact avec la structure des pensées, des sentiments et des sensations qui nous perturbent.

En EXPIRANT nous expulsons la structure énergétique de notre confusion.

Diriger et relâcher le souffle nous aide à entrevoir l’espace clair et ouvert de l’esprit : la vraie nature de l’esprit, à nous d’en devenir de plus en plus coutumier.

Attraper le cheval de nos conditionnements pour harnacher ce souffle intérieur en portant notre attention non conceptuelle à la respiration, pour mouvoir le souffle, grâce à l’attention  et à la respiration vers la connaissance de l’esprit naturel.

La nature de l’esprit, c’est l’immobilité, la clarté : immuable par la méditation, on chasse les nuages qui obscurcissent le ciel de notre esprit naturel, et on dévoile une conscience subtile, la nature de l’esprit, source de l’Etre, éternel et profond, qui ne change JAMAIS.

Les nuages sont les insécurités, les habitudes, les pensées, les perturbations internes, les insatisfactions…Les exercices porteront sur les portes du corps.

La sagesse boeunpos (Bön du Tibet) concerne les trois portes de la libération de la souffrance :

le corps, la parole et l’esprit.

Les CANAUX :

Le centre du Mandala victorieux de notre propre corps

Est la source d’où s’élèvent toutes les qualités suprêmes

Depuis l’espace intérieure des 3 canaux et des 5 chakras

Je prends refuge dans le corps de vacuité.

Le SOUFFLE :

Tous les nuages de souffrance et de peine

Sont entièrement chassés par le souffle de sagesse

Depuis l’immensité du ciel

Immuable et primordialement pure

Je prends refuge dans le corps de lumière.

Les SPHÈRES de LUMIÈRES :

Depuis le chapiteau des cinq lumières de sagesse

Irradient des sphères non duelles de lumière

Dissipant les filets des ténèbres de l’ignorance

Je prends refuge dans le corps de grande félicité.

Les 9 respirations purificatrices :

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La nature de l’esprit est l’esprit naturel clair et vaste, pure et sans défaut.

La purification élimine tout ce qui nous empêche de reconnaître l’esprit naturel           et culmine avec la connaissance de la nature de l’esprit, qui est la sagesse.

Reconnaître la source, l’ouverture, y être, y demeurer et faire confiance à cette source en vous.

Imaginer l’éveil ailleurs qu’en vous est illusoire, il est déjà là, en ce moment-même. Accorder sa confiance au pouvoir du présent.

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Notre colère masque notre capacité d’amour

Notre tristesse masque notre capacité de joie

Notre partialité masque notre capacité d’équanimité

Notre avidité masque notre capacité de compassion.

Se détacher, se libérer profondément, des trois poisons racine :

COLÈRE

ATTACHEMENT

IGNORANCE

pour se connecter à la pleine conscience

Le but traditionnel du chemin de la méditation est de se libérer complètement de la souffrance pour pouvoir accomplir le bien de tous les êtres.

Après 9 respirations successives, le pratiquant repose dans la conscience ouverte, attentif à l’ouverture et relié à cette source de toutes les qualités.

posture

Posture :

  1. Assise sur un coussin, les jambes croisées
  2. Colonne droite alignée
  3. Poitrine dégagée, coudes écartés du corps
  4. Les mains sont posées à quatre travers de doigts sous le nombril, l’extrémité des pouces presse la base des annulaires. Les doigts de la main gauche se posent sur ceux de la main droite, paume vers le ciel.
  5. Le menton rengorgé pour étirer la nuque

Les yeux :

Fermés pour faciliter la concentration. Après la dernière respiration, ouvrez les yeux, laissez-les se reposer dans l’espace, le regard légèrement dirigé vers le haut.

Se connecter à la tranquillité, au silence, à l’espace :

Le silence de la parole, l’espace de l’esprit.

Il y a 3 canaux de lumière :

CANAL CENTRAL BLEU LUMINEUX

4 doigts en dessous du nombril, jusqu’au sommet du crâne, diamètre d’un pouce.

CANAL ROUGE :

Diamètre d’un auriculaire, à ma gauche, vers la narine gauche, énergie féminine, sagesse.

CANAL BLANC :

Diamètre d’un auriculaire, à ma droite, énergie masculine, moyens habiles, la méthode.

La jonction de ces canaux se fait à 4 travers de doigts sous le nombril. (3 cun = 4 RM, Guan Yan, barrière originelle, tonificateur du Qi originel (Yuan Qi))

Installé dans le support de la posture, connectez-vous au calme de votre corps, écoutez le silence intérieur, rester un moment dans l’espace ouvert de l’esprit libre de pensée.

Première triade de RESPIRATION :

ÉLIMINATION du  POISON de la COLÈRE par le canal blanc, à droite.

  • SÉLECTION : se rappeler une expérience de colère ou d’aversion. Imaginez-la, entrez en contact avec elle dans le corps, les émotions l’esprit.
  • ÉVACUATION :

Lever la main DROITE et presser le pouce sur la base de l’annulaire de la main.

Fermer la narine droite avec l’annulaire droit. Inspire par la narine gauche. Imaginer qu’une couleur verte de guérison coule dans le canal rouge, de gauche, jusqu’au point de jonction sous le nombril.

Avec la même main, fermer la narine gauche, expirer, et imaginer que le souffle subtil, coule par le canal de droite, blanc, éliminant le poison de la colère qui se dissout dans l’espace, lors de l’expiration. Forcez un peu à la fin de l’expiration.

Sentez que ce que vous avez sélectionné s’évacue par la narine droite et se dissout dans l’espace.

Répéter ce cycle trois fois

Sentez le canal de droite, blanc, de plus en plus clair, lumineux et spacieux. Prendre conscience de l’espace dans lequel la colère s’est dissoute, créé un nouvel espace pour l’amour, la compassion, la joie et l’équanimité.

Gardez  la connexion avec l’ouverture, placez l’attention avec le canal gauche, rouge.

Deuxième  triade de RESPIRATION :

ÉLIMINATION du  POISON de l’ATTACHEMENT par le canal rouge, à gauche.

  • SÉLECTION : remémorez-vous une expérience récente d’attachement, possessivité ou remplir l’espace de bavardages. Le canal rouge de gauche est le canal de la sagesse, bloqué par le poison racine du désir, de l’attachement.
  • ÉVACUATION :

Lever la main GAUCHE, presser le pouce sur la base de l’annulaire, fermez la narine gauche avec l’annulaire et inspirer profondément par la narine droite, imaginez une pure lumière verte qui coule dans le canal blanc de droite, jusqu’au point de jonction sous le nombril,  avec la même main, fermez la narine droite, expirez et imaginer que le souffle subtil coule par la voie du canal de gauche, rouge, éliminant le poison de l’attachement qui se dissout dans l’espace lors de l’expiration. Forcez un peu à la fin de l’expiration

Répétez ce cycle trois fois.

Sentez le canal de gauche, rouge, devenir de plus en plus clair, lumineux et spacieux.

Gardez  la connexion avec l’ouverture, placez l’attention avec le canal central, bleu.

Troisième  triade de RESPIRATION :

ÉLIMINATION du  POISON racine de l’IGNORANCE, du DOUTE, et du MANQUE DE CONFIANCE  par le canal bleu, central.

  • SÉLECTION : remémorez-vous une perte de repères, un doute, un manque de confiance, s’y relier sans juger ni analyser, se concentrer sur l’expérience brute.

Le canal bleu central c’est la conscience ouverte, la réunion de l’espace de l’être et de la lumière de la conscience, la source intérieure. Y accéder donne le profond sentiment que rien ne peut nous ébranler, ni nous détruire : un REFUGE. Toutes les qualités telles que l’amour, la compassion, la joie, l’équanimité naissent de cet espace, ne peuvent ni être ébranlées ni détruite par les circonstances extérieures changeantes.

  • ÉVACUATION :

Inspirer par les deux narines, visualisez le souffle subtil descendant par la voie des deux canaux, jusqu’au point de jonction, alors que vous expirez lentement, le souffle subtil s’élève dans le canal central, purifiant ce canal de l’ignorance et du doute, qui s’en vont pas le sommet de la tête, pour se dissoudre dans l’espace. En fin d’expiration, rentrer légèrement le diaphragme, chassez l’air avec force, en imaginant que vous expulsez par le sommet de la tête les obstacles qui se dissolvent dans l’espace. Forcez un peu à la fin de l’expiration.

Répétez ce cycle trois fois.

Sentez votre canal central devenir de plus en plus clair, lumineux et spacieux.

Pour terminer, portez votre attention à cette expérience de pure ouverture dans votre corps, respirez doucement, calmement, normalement, tandis que vous demeurez dans la présence spacieuse.

Sentez que les trois canaux sont plus ouverts, plus clairs. Portez votre attention sur cette ouverture, cette clarté tandis que vous respirez lentement, doucement, calmement. Laissez votre attention reposer dans cette ouverture, pas de pensée, de projet d’avenir, ne rien changer, laissez ce qui est tel quel.

Les trois canaux sont les chemins.

Le souffle, ou énergie interne est le cheval qui les parcourt.

L’esprit est le cavalier.

La destination est la reconnaissance de la nature de l’esprit, la conscience claire et ouverte.

La conscience directe non conceptuelle :

Se relier à l’expérience corporelle, aux émotions,  sans rechercher une cause, sans suivre ses pensées. Rien de ce qu’entreprend l’esprit conceptuel ne correspond à ce qu’on appelle la sélection du souffle, et ne met en œuvre le souffle subtil qui soutient la conscience de la nature de l’esprit.

La conscience non conceptuelle nous permet de changer, transformer, transcender. Toutes les qualités dépendent d’elle.

Quand on pratique les respirations (9 ou plus !), accueillir les espaces gagnés, ouverts, y demeurer, sans effort, s’y installer, y prendre ses aises, pour ne pas ressasser le passé, ni planifier le futur, ni changer le présent.

Laisser les choses telles quelles.

Résultats de la pratique :

La conscience de l’ouverture est comme le soleil brillant dans un ciel pur : si le soleil brille, l’espace est chaud.

Se libérer de la colère pour développer l’amour,

Se libérer de l’attachement pour développer votre richesse intérieure,

Se libérer du doute pour développer la confiance.

La fleur de votre être grandit, en proportion au temps passé au contact avec vos espaces, vos ouvertures intérieures. Le résultat n’est pas le produit de pensées élaborées, ni de paroles, ni d’actions particulières.

Votre esprit mouvant créé un corps douloureux, karmique et conceptuel, mais votre vraie nature est immuable.

Ouverture, tranquillité, refuge, silence, espace profond, conscience, vraie nature, être, libération, souffle, joie…

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