Pourquoi il ne faut plus dire  « je t’aime »   selon François Jullien. Une rencontre  M.Le Monde Festival

L’Amour…

Pour combler un manque?

Pour se sacrifier à l’autre?

ÉROS, AGAPE, PHILIA…

Alors que l’intime… c’est …. le superlatif du « dedans« , le plus PROFOND

 

 

Nous sommes INTIMES, proche de L’INOUÏ de l’autre, l’autre garde son unicité.  C’est un PARTAGE,

Il  n’y a pas la possession du « je t’aime », c’est à dire,  » je fais de toi mon objet, je te capte, tu m’appartiens… »

La relation avec l’autre, le rapport avec l’autre?

Comment RENCONTRER l’autre?

l’AMOUR est ÉQUIVOQUE = soit ÉROS soit AGAPE

L’INTIME est AMBIGU = à cause des mots, je fais une distinction que la réalité n’impose pas, cela défait les dualismes qui gênent notre compréhension de l’existence.

Penser c’est

 

chasser l’EQUIVOQUE (amour)

 

Et

 

Explorer l’AMBIGU (intime)

L’intimité c’est être avec, pouvoir être avec quelqu’un  sans parler et ne pas en être gêné.

L’intime est le plus profond du sexuel : « au tout dedans de l’autre », et ailleurs que le sexuel,  spirituel,  être intime en tenant la main de quelqu’un avant la mort.

Exister = (ex = hors de ) se tenir hors du monde

L’intime nous place dans un endroit où spirituel et sexuel ne se dissocient pas.

L’intime est capable de nous faire demeurer dans le monde, être immanent du monde, et à la fois Hors du monde, ne pas se laisser confiner par les causalités du monde.

L’Amour est théâtralisé, une sorte de pose, posture,  « je suis amoureux », il est bruyant dans sa déclaration et dans sa plainte.

L’intime rend équivalent la parole et le silence, parler ou ne rien dire c’est pareil, il y a un « entre »,  de l’entre-nous, ce n’est pas la fusion ni la confusion, de cet écart de la rencontre naît le regard de l’autre, le regard donne de l’égard à l’autre.

La connivence, du même poids que connaissance, plissement des yeux, entente implicite, sans besoin d’argumenter, qui a besoin d’immanence, pour venir, « ça vient », l’entente intime qui vient par immanence, sans forçage, partage.

Le premier rapport au monde est de connivence, au sein de sa mère, nous le quittons par connaissance, nous avons deux pédales dans notre vie, une alternance  entre connivence et connaissance.

Seconde vie, second amour.

Le second n’est pas deuxième, « secondus » = ce qui suit.

N’affiche pas de rupture mais porte plus loin que ce qui a  été initié en premier.

Passer de la conquête à une dimension intimed’infini, dans le rapport à l’autre. Soit avec la même personne ou avec une autre personne. Découvrir un « nous », une intensité de l’infini, immensité qui se découvre. Une beauté qui s’ouvre.

 Reprise n’est pas répétition, il y a un écart, reprendre c’est ne pas répéter.

Possibilité, en cours de vie,  de reprendre sa vie, sous le mode de la seconde vie, récupérer ce qui s’est décanté de sa vie première, un début de liberté concrète, choisir sa vie.

Lucidité ce n’est pas l’intelligence.

La lucidité (lux) de la lumière qui vient du dedans, toutes les difficultés nous aident à devenir lucides, choisir un espace de liberté concrète qui s’ouvre, cette découverte de l’intime le permet.

« Tu seras aimé 

lorsque tu pourras montrer ta faiblesse 

sans que l’autre s’en serve pour affirmer sa force. »

 in Minima Moralia (1980) de Theodor Ludwig Wiesengrund-Adorno

Quand tu peux te montrer faible

sans provoquer de l’autre une réaction de force,

cela pointe l’intime.

 Le Christianisme : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous aime. » Figure de l’amour par dépossession de soi, permet d’être dans l’autre, sans fusion, confusion.

 Exister ( ex = dehors) se tenir dehors de soi dans l’autre, dans sa peau, sous sa peau.

« L’extime » dans l’intime.

L’extime c’est la façon stratégique, nécessaire pour vivre à deux, de rappeler le dehors du dedans, volonté de rendre l’autre à son dehors, la capacité de rompre le confinement de la relation de l’habitude, de ne plus voir l’autre.

 Pour que l’intime ne devienne pas intimismeconfinementassimilation de l’autre,

remettre de l’écart, en quête du « plaisir que l’on sent à se desprendre et reprendre à secousses. » (Montaigne)

L’extériorité est un effort, repenser l’autre dans un dehors, pour qu’il ne se refonde pas dans un intime à soi.

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