LA VIGILANCE POETIQUE

 

L’émerveillement donne envie de partager : « Regarde ! », c’est un « faire-part ».

L’émerveillant est le pur présent, il n’y a aucune anticipation. Alors que le désir est anticipation, une force, un énergie vitale, qui peut déséquilibre et nous mener vers l’avant.

La langue et ma culture propose une Réalité configurée, or les artistes vont au-delà du réel, vers la Merveille, l’Emerveillant.

« Sous la lune du soir

L’escargot torse nu »

Haiku, c’est la surprise, l’Emerveillant

Etre au centre de soi, et, lancer un regard jaillissant au monde autour. L’Emerveillement est l’objet du monde.

Emerveillement modeste nécessite une vigilance poétique, une sur-présence, un état d’éveil : le KAIROS.

 

Chez les Grecs, Kairos est un petit dieu  ailé de l'opportunité, qu'il faut attraper quand il passe (saisir une opportunité).

 Le dieu grec Kairos est représenté par un jeune homme qui ne porte qu'une touffe de cheveux sur la tête. Quand il passe à notre proximité, il y a trois possibilités :

  • on ne le voit pas ;
  • on le voit et on ne fait rien ;
  • au moment où il passe, on tend la main, on « saisit l'occasion aux cheveux » (en grec ancien : καιρὸν ἁρπάζειν) et on saisit ainsi l'occasion.

Kairos a donné en latin opportunitas (opportunité, saisir l'occasion).

Le Kairos

est une notion employée par Carl-Gustav Jung pour élaborer son concept de synchronicité.

 Il est l'instant où la conscience d'un individu exprime une sensibilité particulière à la survenance concomitante de deux évènements fortuits.

Cet individu opère à ce moment une association entre ces deux évènements en raison d'un état de son être. La coïncidence, alors perçue comme une correspondance, devient signifiante pour la personne qui l'éprouve.

Le Kairos est cet état d’éveil, hors de l’ego, une défamiliarisation, tout apparait en nouveauté, comme le regard d’un enfant.

La nature est un NON MOI, proche et différent, c’est Emerveillant !

Le sentiment océanique :

 C'est à Romain Rolland que l'on doit l'expression de « sentiment océanique », dans ses échanges avec Freud.

 Il s'agit d'une sorte d'élan mystique et de confusion avec le grand Tout, comme la vague dans l'océan.

L'impression ou à la volonté de se ressentir en unité avec l'univers (ou avec ce qui est « plus grand que soi »), parfois hors de toute croyance religieuse.

Ce sentiment peut être lié à la sensation d'éternité. L'écrivain y voyait l'expérience majeure des religions asiatiques. 

Dans le sentiment océanique, l’émerveillement nous place devant le monde.

Etre dans le monde, transcendance, immanence, joie et complétude, cela échappe à la volonté, il y a dissolution de l’ego, comme une vague parmi l’océan.

 Moi et Non Moi ne forment qu’UN, une même étoffe, tissé au monde.

Interdépendance.

Chaque instant est le matin du monde (François Cheng)

« Chaque expérience de beauté,

si brève dans le temps tout en transcendant le temps,

nous restitue chaque fois la fraîcheur du matin du monde ».

François Cheng

C’est par l’étonnement, la merveille que commence toute philosophie.

Au Moyen Age : « se merveiller », cela me merveille

 

Belinda CANNONE,  Journées EMERGENCES « EMERVEILLEMENT » 2023

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